J’ai eu l’occasion dernièrement de rencontrer une femme retraitée qui est toujours très active et qui offre des cours de tricot à une clientèle bien particulière. Cette clientèle est formée de tricoteuses malvoyantes! Oui, oui, des personnes qui ont un handicap visuel et qui apprennent à tricoter grâce à cette activité proposée par Jocelyne Denault, ex-prof de cinéma.
Cette femme qui partage sa passion pour cette autre forme d’art qu’est le tricot s’est donné le mandat aussi de fournir des vidéos explicatives en ligne principalement pour venir en aide aux tricoteuses ayant des troubles visuels. On retrouve donc ses vidéos sur son site Questionstricot.com et toute personne désireuse d’apprendre à tricoter peut les visionner en profitant des explications claires et détaillées.
La rencontre
Depuis quelques mois, je réalise quelques projets principalement avec notre imprimante 3D. Je publie donc sur les divers réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Twitter, LinkedIn) mes réalisations afin de partager ce que je fais, mais aussi dans le but de faire connaître l’univers de la fabrication numérique.
C’est par le biais des réseaux sociaux, un peu comme par le bouche-à-oreille, que quelqu’un dans mon réseau m’a indiqué qu’une personne recherchait de l’aide pour un projet en impression 3D. J’ai donc communiqué avec Mme Denault et nous avons eu une rencontre pour discuter de son projet qui était destiné à son groupe de participantes non-voyantes. Après avoir évalué ses besoins, nous avons convenu que la meilleure manière de réaliser son projet c’était de le créer grâce à la découpe laser plutôt que l’impression 3D. Mais pourquoi? De quoi s’agit-il?
Le projet
Le projet consiste à créer une jauge à aiguille, plus communément appelée une règle à tricot. Habituellement, cet outil présente des trous pour vérifier la grandeur des aiguilles et il y a également une règle pour mesurer la tension d’échantillons raison pour laquelle on appelle cet outil une règle bien plus qu’une jauge.
Il existe de nombreux modèles de jauge d’aiguille à tricoter sur le marché. Plusieurs de ces règles sont fournies dans les ensembles d’aiguilles que l’on achète. D’autres de ces jauges sont vendues séparément sous différents formats et avec une variété de formes originales et amusantes (mouton, tuque, pelote de laine) pour le plus grand plaisir des utilisateurs.
On retrouve aussi quelques modèles de jauge plutôt simple que l’on peut faire imprimer en 3D. D’autres que l’on peut découper au laser soi-même en téléchargeant le fichier en ligne.
Alors pourquoi donc Mme Denault a voulu avoir recours à une personne pouvant concevoir un nouveau modèle, un de plus sur le marché? C’est ce que je vous révèlerai dans le prochain billet concernant ce beau projet!
Les contraintes
Pour l’instant, voyez les raisons qui ont arrêté notre choix sur la découpe laser plutôt que l’impression 3D.
Pour la réalisation d’un tel objet, il est important d’avoir d’une part des mesures très précises pour les trous mesurant le diamètre des aiguilles et, d’autre part, l’objet doit être conçu avec un matériel durable et résistant aux manipulations fréquentes (enfilage d’aiguille, chute de l’objet).
Le temps
Pour imprimer en 3D un objet de ce type cela prendrait environ 45 minutes alors que pour le graver et découper au laser, on parle d’environ 2 minutes. Il est donc possible de produire plusieurs jauges en peu de temps grâce à la découpe laser. Les frais reliés à l’utilisation de la découpe laser dans les fablabs varient d’un lieu à un autre, mais généralement ils ne sont pas très élevés (1,50$/minutes ou 60$/heure).
Les matériaux
Il existe plusieurs types de plastique que l’on peut utiliser pour la fabrication additive. Quelques-uns sont bel et bien très résistants (ABS, Nylon, Polycarbonate) d’autres sont en revanche plus fragiles (PLA). Il existe différents processus d’impression 3D offrant des résultats aussi très variables en termes de qualité. Il n’en demeure pas moins que pour l’instant, quelle qu’elle soit, la fabrication additive reste un processus de production généralement plutôt long. Aussi, l’utilisation d’une imprimante 3D engendre des frais qui encore là varient selon les fournisseurs (temps d’utilisation de la machine ou poids du matériau utilisé), mais qui ne sont pas à négliger si on songe à une petite production du produit fini.
Dans la découpe laser, il est possible de découpe et graver divers matériaux. Le bois souvent utilisé, dans le cas de notre jauge, semble être le moins approprié. Dû entre autres à la possibilité qu’il a de prendre l’humidité et donc de changer de forme légèrement, mais suffisamment pour que les trous ne correspondent plus aux bonnes dimensions. Mais également, au fait qu’il peut s’abîmer et créer des échardes, ce qui n’est pas souhaitable pour un objet souvent manipulé. Donc, le meilleur choix dans notre cas, c’est d’utiliser l’acrylique plus communément appelé Plexiglas (marque déposée). Il est assez abordable, résistant et se grave et se découpe avec d’excellents résultats.
Si vous avez des commentaires ou des questions sur ce projet ou en lien aux méthodes de fabrications numériques mentionnées dans ce billet, n’hésitez à les partager, c’est avec plaisir que je vais vous répondre.
Suite de ce billet:
Jauge pour aiguille à tricoter – Dévelppement
Jauge pour aiguille à tricoter – Conclusion