Fab Lab: atelier de fabrication numérique

Il y a quelques semaines, j’étais fière de savoir que la 16e édition de la Conférence mondiale des Fab Labs (FAB16) aura lieu à Montréal en 2020. Ma fierté provient du fait entre autres choses que mon époux est le vice-président sur le CA de l’organisme Communautique et qu’il a fait partie de l’équipe qui a tout mis en oeuvre pour obtenir cet événement mondial au Canada.

Il s’agit d’une rencontre de plus de 1000 Fab Labs à travers le monde qui se rassemblent pour partager, discuter, collaborer et créer des communautés autour des différents intérêts locaux et mondiaux concernant la fabrication numérique, l’innovation et la technologie.

Bon, c’est bien beau tout ça, mais certains d’entre-vous me poseront sans doute la grande question:

«Qu’est-ce qu’un Fab Lab?»

L’appellation Fab Lab est la contraction des termes anglais «Fabrication Laboratory», c’est-à-dire un laboratoire de fabrication. Il s’agit d’un tiers-lieu, donc un endroit accessible aux citoyens, dans lequel on retrouve une panoplie de machines-outils pilotées par ordinateur ainsi que des outils traditionnels utilisés pour l’élaboration et la réalisation d’objets variés.

Puisque c’est un endroit ouvert au public, les usagers peuvent être tout aussi bien des entrepreneurs qui souhaitent concevoir un prototype ou des artistes qui veulent créer un objet d’art. Ou encore, il peut s’agir d’étudiants voulant parfaire leurs connaissances pratiques en électronique, en couture ou en mécanique ou simplement des citoyens bidouilleurs qui désirent réparer un objet ou créer un projet qui leur tient à coeur.

Le concept de Fab Lab se base sur plusieurs préceptes de la culture maker que l’on retrouve aussi dans les makerspaces. Voilà d’autres mots à définir.

Culture Maker

Dans le Innovating Pedagogy Report 2013 (p.5, point 9 Maker Culture) on y retrouve la définition suivante en anglais:

« La culture maker encourage l’apprentissage informel, social et coopératif en se focalisant sur la création d’objets pouvant aller des robots ou impressions 3D à des vêtements ou autres formes d’artisanat. Elle mettra l’accent sur l’expérimentation, sur l’innovation, sur le passage à la pratique et sur l’autonomie. Elle se caractérisera par un apprentissage ludique où la prise de risque et le fait de commettre des erreurs seront encouragés car rendus possibles par un processus itératif rapide. »

J’ajouterais que la mentalité du maker dans cette culture, c’est de vouloir être un consommateur actif plutôt que passif. Je m’explique. Ce type de créateur souhaite prendre par au système de fabrication et de production des objets. Le maker a pour vision que nous ne sommes pas réellement propriétaire d’un objet s’il nous est impossible de l’ouvrir!

Aussi, généralement, les makers sont soucieux des enjeux écologiques : ils sont donc intéressés par la réparation, la récupération et le recyclage et tentent d’inventer des objets en respectant l’environnement.

Makerspace

Certains croient que l’origine des makerspaces se trouve dans les hackerspaces qui sont des espaces physiques où des programmeurs se rencontrent pour partager des ressources et des connaissances sur leur intérêt commun l’informatique. Très vite ces lieux ont commencé à intégrer la création de circuit électronique, du prototypage et de la robotique. Ce qui aurait fait émerger de nouveaux espaces de création dans lesquels on fabrique toute sorte d’objets, les makerspaces.

Makerspace ou Fab Lab?

Alors quelle est la différence entre un makerspace et un Fab Lab? En fait, à la base essentiellement ce sont des lieux d’innovation et de fabrication très similaires. Cependant, il existent quelques éléments qui permettent de distinguer ces deux types d’espace.

Mais d’abord, j’aimerais juste mentionner d’où provient le concept de Fab Lab.

Le Fab Lab a été pensé par Neil Gershenfeld, physicien, informaticien et professeur au sein du Massachusetts Institute of Technology. Ce type de laboratoire de fabrication est donc cadré par le MIT et la Fab Foundation. Le concept de Fab Lab a pris de l’ampleur partout dans le monde et bien que ses origines soient liées au MIT, l’usage du concept, du nom et du logo Fab Lab demeure libre.

Néanmoins, pour être un Fab Lab homologué au MIT, il y a quatre principaux critères auxquels il faut se conformer. Ces éléments sont d’ailleurs ce qui différencient les Fab Labs des autres types d’espace d’innovation et de fabrication.

D’abord, il faut s’engager à respecter la Charte des Fab Labs [en]. Dans celle-ci on retrouve entre autres les trois autres  points nécessaires pour être reconnu comme un Fab Lab.

Tel que je l’ai mentionné plus haut, le Fab Lab est un espace qui se doit d’être ouvert au public. Les makerspaces ne sont pas forcément des espaces accessibles aux citoyens. Par exemple, il peut y avoir un makerspace dans une école qui n’est disponible qu’aux individus qui fréquentent l’école en question.

Aussi, dans un Fab Lab, il doit y avoir un inventaire minimum d’équipement pour permettre la réalisation de différents projets. Soit des machines-outils (découpe laser, CNC, des imprimante 3D, des machines à tricoter), un catalogue de compétences et de processus de fabrication et finalement, un ensemble de logiciels et de solutions libres à code source ouvert.

Enfin, les membres du Fab Lab doivent participer minimalement au réseau global en contribuant et collaborant à quelques projets d’autres Fab Labs et être à l’affût des initiatives et des discussions du réseau.

En outre, les Fab Labs ont également la mission de démocratiser les technologies et cela passe par l’expérimentation et l’éducation. Enfin, c’est grâce au volet recherche que les meilleures pratiques et les connaissances sont diffusées dans l’ensemble du réseau Fab Lab, ce qui en fait un laboratoire de pointe pour la recherche et le développement.

Étant donné qu’il n’y a pas proprement dit d’autorité de contrôle concernant l’appellation d’un Fab Lab, il arrive que l’on retrouve parfois des laboratoires de fabrication qui disent être un Fab Lab mais qui sont en fait davantage un makerspace puisqu’ils ne répondent pas aux critères d’accessibilité au public, ni au principe de code source ouvert et qui ne participent d’aucune façon au réseau local et mondial des Fab Labs.

Pour pouvoir voir la carte des Fab Labs dans le monde reconnus par le MIT et la Fab Foundation, il est possible de consulter le portail www.fablabs.io où l’on peut également voir la liste des différentes machines que l’on peut retrouver dans un Fab Lab.

Fab Lab, Ville intelligente et Fab City

Je crois que nous avons ici au Québec, une source remarquable de talent, de créativité, d’audace et d’expertise dans plusieurs domaines mais particulière au niveau des technologies. Je songe entre autres au succès monstre des entreprises de jeux vidéo et maintenant depuis quelques années de la réussite remarquable des entreprises qui oeuvrent dans l’univers des effets spéciaux. Enfin, dans le secteur de la recherche et des sicences, Montréal est visiblement une plaque tournante en ce qui a trait à l’intelligence artificielle.

Je vais faire ici un gros bond, mais pas tant que ça, en parlant du fait que le premier Fab Lab canadien reconnu par le Massachusetts Institute of Technology est ici au Québec, il s’agit de l’échoFab mis en place par Communautique. C’est d’ailleurs, cet organisme qui a fait les démarches nécessaires depuis quelques années pour se faire connaître au niveau mondial dans la communauté des Fab Labs et qui a posé la candidature du Canada, et plus spécifiquement de Montréal, pour accueillir la Conférence internationale des Fab Labs.

Selon moi, ce sera un événement majeur qui permettra à Montréal de rayonner d’un point vue innovation technologique et sociale. On parle beaucoup de ville intelligente dans les médias, c’est-à-dire une ville qui utilise les technologies de l’information et de la communication pour entre autres «améliorer» la qualité des services urbains. Cependant, je crois qu’une ville intelligente doit être aussi une ville qui est en mesure de consommer et de réparer ce qu’elle produit de manière locale. C’est ce qu’on appelle une Fab City.

Les villes sont l’endroit où la plupart de la population de la planète vit actuellement et elles offrent la meilleure opportunité d’effectuer des changements pratiques à l’échelle et dans un contexte auquel les individus peuvent se rapporter. Les villes sont au cœur des défis sociaux et environnementaux du XXIe siècle. — About the Fab City Project

Personnellement, j’espère que Montréal rejoindra d’ici peu plusieurs métropoles telles que Barcelone, Paris, Boston, Shenzhen qui ont déjà entamer le pas afin de devenir des villes localement auto-suffisantes et globalement connectées.

 

Autres liens intéressants:
Rapport d’étude – État des lieux et typologie des ateliers de fabrication numérique

Faire de Montréal une «Fab City» par Mathias Marchal, Métro

Émission Montréalité – Montréal ville intelligente? (15:30 entrevue concernant les Fab Labs)

Liste des Fab Labs au Québec (Fab Labs Québec)

Le Fab City c’est bien plus qu’une ville remplie de Fab Labs par Benjamin Tincq, Ouishare Magazine

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