De bricoleuse à bricoleuse numérique

Mon père était un bricoleur.

BRICOLER : S’occuper à de petits travaux manuels de réparation, d’agencement, etc., chez soi ou chez des particuliers.
— le Larousse

Oui mais pas juste ça c’était aussi un bidouilleur.

BIDOUILLEUR : Une personne qui répare, créé ou encore trafique un objet, un matériel de manière artisanale, avec des outils qui ne sont pas forcément adaptés.
— l’Internaute

Bon, ça se rapproche mais ce n’est pas encore le mot juste.

En fait, je réalise que mon père était sans aucun doute un Maker. Voilà, on pourrait traduire cela par un créateur, un inventeur, un producteur, un designer ou un artisan. Mais ce mot a une définition plus complexe aujourd’hui car elle implique entre autres l’utilisation du numérique dans la production d’objet. Je vous en ferai part plus en détail dans un prochain billet. Pour l’instant, restons avec cette définition de base.

Outils

Mon père, ce guide

Programmeur analyste avec une formation initialement en électronique, c’était aussi un touche à tout. C’était un homme par dessus tout curieux et déterminé. Il a réalisé plusieurs rénovations dans nos maisons, il a réparé d’innombrable objets et il a créé quelques projets électroniques et informatiques d’envergure.

Partout où il allait, je le suivais comme une ombre. C’était soit dans le but de l’assister ou juste de le regarder travailler. Je me souviens combien j’aimais entrer dans notre garage lorsqu’il y travaillait. Je rafollais d’une manière toute particulière sentir l’odeur du bran de scie ou encore les émanations du fil d’étain au contact du fer à souder. Sans oublier la senteur de la colle à bois, du plâtre et de la peinture. J’étais une vraie junkie des fragrances de la fabrication!

S’il peut le faire, je peux le faire aussi!

Enfin, étant donné que j’étais souvent avec mon père lorsqu’il bricolait, j’ai beaucoup appris à ses côtés entre autres concernant la menuiserie, l’électronique, l’informatique. Mais la chose la plus importante que j’ai apprise, c’est de ne pas avoir peur et d’oser. Ne pas avoir peur des outils et des machines. Ne pas craindre d’ouvrir un appareil électronique sans être certaine de pouvoir le réparer ou même juste de pouvoir bien le refermer. Ne pas avoir peur des erreurs que je pouvais faire. Ne pas redouter de ne pas être la meilleure.

D’ailleurs, une autre pensée que j’ai retenue de mon père c’est lorsqu’il disait en regardant une personne accomplir une tâche ou une activité quelconque :

«Si cette personne peut le faire, je peux le faire aussi!»

Évidemment, il ne voulait pas dire nécessairement qu’il pouvait réaliser la dite action «aussi bien» que la personne qui l’inspirait, mais juste qu’il pouvait être capable d’accomplir ce qu’un autre humain était en mesure de faire.

Donc, lorsque mon père voyait une couturière qui confectionnait de fabuleux habits avec toutes les techniques qu’elle connaissait et mettait en pratique depuis des années, il se disait qu’il devait bien être en mesure d’apprendre à coudre un bouton ou à assembler deux morceaux de tissu de manière acceptable.

Même chose dans toutes les autres sphères d’activités. Si un athlète peut patiner aussi vite, cela signifie qu’il est possible d’apprendre à patiner, point! Le mot d’ordre c’était bien entendu « apprendre ». L’essentiel c’est d’avoir une certaine curiosité et bien vouloir faire les efforts nécessaires pour s’initier à tout ce qui nous intrigue et nous captive.

J’ai donc souvent pensé à lui durant ma vie, puisque je n’ai pas pu bénéficier de sa présence au-delà de mes 20 ans. Fréquemment, j’avais l’impression d’avoir un guide lorsque j’entreprenais un projet. Je reformule encore aujourd’hui sa pensée pour me donner confiance : «Si mon père pouvait le faire, je le peux aussi.»

C’est avec cette idée d’ailleurs que dernièrement, j’ai réussi à désintaller mon lave-vaisselle défectueux que le fournisseur n’a pas voulu lui-même retirer (autre histoire frustrante) et que j’ai installé mon nouveau lave-vaisselle toute seule. Bon, certains diront que ce n’est pas bien difficile, mais il y a quand même des raccords de plomberie et d’électricité à faire. Parfois ça peut en effrayer plusieurs! Moi-même je n’étais pas parfaitement à l’aise parce que j’avais en tête que si je faisais une erreur, rien qu’une seule, je risquerais d’avoir un dégât d’eau ou un court circuit ou les deux à la fois!

Finalement, grâce aux sages paroles de mon père, à tous les gentils You tubers de ce monde ainsi qu’à la présence de mon époux pour m’assister dans cette tâche, j’ai eu suffisament confiance en mes capacités pour installer ce gros électroménager. J’ai donc abouché la tuyauterie et j’ai raccordé ce qui était pour moi de terrifiants fils électriques dénudés et notre lave-vaisselle fonctionne à la perfection depuis plusieurs semaines maintenant.

Être plus efficace pour mieux créer

Cela fait près de dix ans que je me suis dédiée principalement à ma vie familiale, par choix. Durant cette période, j’ai fait un bref retour sur le marché du travail dans une entreprise pour laquelle j’avais déjà travaillé. Une expérience qui m’a complètement désenchantée.

J’avais dû mal à croire que cinq ans après avoir quitter cette entreprise, certains processus dans la réalisation des projets étaient demeurés identiques. L’automatisation de certaines tâches plutôt ingrates et laborieuses n’avait pas changé. Durant les quelques mois en poste, j’ai trouvé une solution qui a permis aux employés de mon département de sauver un temps fou dans la création des code-barres. Alors que les infographistes devaient créer un à un les code à barres en copiant et collant les chiffres dans un logiciel à cet effet, j’ai déniché grâce à quelques recherches sur le Web, une manière de fournir un fichier texte au dit logiciel pour qu’il crée automatiquement les code-barres dans un dossier donné. Et hop! Ce qui prenait des heures à être généré par un employé, ce faisait désormais en quelques minutes avec une intervention humaine qui se résumait à quelques clics.

Je tiens à préciser que je ne suis pas une informaticienne de formation, par contre je suis curieuse et déterminée!

Cet exemple n’est qu’un prétexte pour illustrer combien j’aime faire en sorte que mon monde soit un peu meilleur. À ma façon, je tente de créer des choses qui peuvent améliorer ma qualité de vie et celle de mon entourage. Je ne souhaite pas tout automatiser, loin de là. Cependant je désire apporter des solutions pour permettre aux gens d’avoir plus de temps pour être créatifs et accomplir des tâches motivantes plutôt qu’alinéantes.

Se donner les outils

De nos jours, les opportunités d’apprendre sont nombreuses grâce à l’Internet. Souvent la difficulté réside davantage dans l’accessibilité aux outils et aux machines nécessaires pour réaliser un projet.

Depuis plusieurs années maintenant, je réalise de nombreux projets que l’on fait soi-même (DIY). Je fouille donc très souvent ma maison de fond en comble pour trouver les matériaux qui pourraient m’être utile lorsque j’ai une idée en tête. Pour l’instant, je me débrouille avec mes outils manuels, ma poubelle qui me sert de banc de scie, mon pied qui fait souvent office d’étau pour tenir mes matériaux et le plus important mon huile de coude.

Dorénavant, les choses vont changer… j’ai expérimenté la fabrication numérique et j’ai hâte de pouvoir utiliser de nouveau ces machines-outils qui entre autres chose peuvent découper, graver, percer et imprimer en trois dimensions selon nos besoins.

Je vous partagerai donc très prochainement mes expériences dans un Fab Lab, ce lieu où la collaboration, le partage des connaissances, l’expérimentation, l’innovation et les questions de développement durable sont au coeur de la fabrication.

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