Écrire un scénario — Indications techniques

Pour pouvoir écrire un scénario, il faut en connaître les principes, les techniques et la bonne façon de faire. J'ai eu jadis un cours de cinéma à l'université, mais ce n'est pas du tout ma formation puisque j'ai effectué un baccalauréat en communication. Néanmoins, j'avais beaucoup apprécié ce cours et j'ai toujours gardé cet oeil ouvert et observateur à l'égard des films que je visionne depuis mon jeune âge. J'ai beaucoup de mal à regarder un film sans en observer des détails techniques. Même une simple comédie romantique passera sous mon regard critique en terme de traitement visuel.

Je crois que regarder un film ce n'est pas que l'écouter, il faut justement le voir avec les yeux! Les images parlent, le visuel explique ce qui se passe et ce que l'on veut nous transmettre comme message ou comme sensation. Les dialogues sont essentiels évidemment, toutefois ce sont les images qui attirent l'attention et qui apportent le déroulement de l'histoire à un stade supérieur permettant une bonne compréhension du film.

Bref, je lis depuis plusieurs mois, des scénarios ici et là. Dernièrement, j'ai lu quelques scénarios québécois pour analyser et comparer les styles d'écriture. En lisant et en posant quelques questions à des scénaristes et des personnes travaillant dans le domaine du cinéma, j'ai constaté que le fait d'inscrire des indications techniques dans un scénario n'est pas un sujet qui fait l'unanimité. En effet, il y a des scénaristes qui n'écrivent visiblement aucun indication technique alors que d'autres en mettent à l'occasion, si celle-ci sont nécessaires pour une bonne lecture du scénario.

Le découpage technique, le travail du réalisateur

Les indications techniques sont généralement les éléments visuels choisis par le réalisateur. C'est le côté créatif lors du découpage technique suite à la lecture du scénario. On y inclut donc les différents angles de caméra, les mouvements de caméra, l'éclairage, la bande sonore, etc. Souvent cette partie peut prendre la forme d'un tableau pour mieux visualiser tout ce que les scènes doivent contenir techniquement.

Voici quelques expressions pour ce qui est des indications techniques concernant la caméra.

Plan d'ensemble
La caméra fait découvrir les lieux où une action va se dérouler.

Plan aérien
La caméra montre un site à partir d'une grue ou d'un avion.

Plan en plongée
La caméra montre le personnage ou la situation d'en haut.

Plan en contre-plongée
La caméra montre le sujet d'en dessous.

Plan subjectif
La caméra adopte le point de vue du personnage.

Gros plan
La caméra cadre un objet ou un visage, qui remplit l'écran.

Très gros plan
La caméra cadre un détail comme un ?il ou une bouche.

Plan américain
La caméra cadre le sujet jusqu'à la taille.

Plan moyen
La caméra cadre le personnage de la tête aux pieds.

Plan éloigné
La caméra situe le personnage dans le lieu où il se trouve.

Zoom
La caméra, sans se déplacer, rapproche ou éloigne le sujet par un jeu de lentilles.

Plan à la main (ou à l'épaule)
La caméra, plutôt que d'être sur un trépied, est portée par le cameraman.

Travelling
La caméra est placée à bord d'un véhicule ou sur un chariot qui glisse sur des rails pour accompagner le sujet.

Panoramique
La caméra pivote sur elle-même pour montrer les lieux ou suivre le sujet.

Source: Fiche maison de la production télévisuelle

Donc pour ce qui est du scénario, habituellement aucune de ces mentions ne devrait s'y retrouvé puisqu'il s'agit du travaille du réalisateur de planifier comment il racontera visuellement l'histoire. Néanmoins, il arrive que dans certains scénarios, il y ait déjà des indications techniques à l'occasion puisque celles-ci sont visiblement nécessaire à la bonne compréhension de l'histoire ou elle accorde une importance particulière à un objet donné.

Il arrive aussi que les scénaristes se trouvent à être les réalisateurs et que, par conséquent, ils ne peuvent s'abstenir d'écrire quelques indications techniques à mesure qu'ils écrivent le scénario. N'empêche qu'en lisant divers scénario j'ai toujours aperçu des indications du genre «très gros plan», «insert», «caméra subjective»…

Voici un exemple qui, selon moi, s'il n'avait pas été écrit dans le scénario par son auteur, la scène n'aurait pas pu être tournée de cette manière spécifiquement et, par conséquent, elle n'aurait pas du tout le sens qu'elle a présentement.

EXT. JOUR – COUR D'ÉCOLE (1976)

EXTRÊME GROS PLAN de Zac qui porte les verres miroirs de Gervais dont la réflexion renvoie l'image d'une dizaine d'ADOLESCENTS rivés à ses lèvres. Zac n'a plus son collet cervical.

— Extrait tiré du scénario de C.R.A.Z.Y. (scène 79)

Finalement, j'écris ce billet comme si je maîtrisais bien la matière, ce qui n'est pas le cas du tout. J'apprends tout au long de ce processus d'écriture. J'aime me dire sans prétention que je suis une scénariste en devenir, autodidacte. Je m'informe en effectuant des recherches, en posant de petites questions, mais je n'ai présentement pas la possibilité de suivre des cours spécifiques dans une institution. Et puis j'avoue que ça me plaît de découvrir cet univers sans avoir une ligne de conduite éducationnelle, j'ai l'impression d'avoir le loisir de connaître plusieurs points de vue quelque peu différents les uns des autres.

Je suis d'avis personnellement que des indications techniques sont essentielles dans le scénario. Par exemple, une caméra subjective si on ne le mentionne pas, ça peut faire une très grande différence sur la manière de saisir le propos du film. Et malheureusement, le réalisateur n'est pas dans la tête du scénariste, à moins que celui-ci ne soit les deux, et il faut donc inscrire certaines indications pour que le scénario soit clair, surtout lorsqu'il y a une chute qui découle entre autres de la manière dont on nous présente les scènes du film.

Et vous, croyez-vous que certaines indications techniques soient pertinentes à inscrire au scénario?

13 Commentaires

  1. Bonjour,
    j'aimerai faire un scénarion en vue de créer un film (par pur plaisir). Cependant, je ne sais pas du tout comment organiser ni par où commencer.
    Pouvez-vous m'aider?
    Cordialement,
    Marion

  2. Je suis dans une posture plutôt similaire à la vôtre. Ce site est vraiment une recherche personnelle sur la manière dont on peut écrire un scénario sans pour autant avoir des études dans le domaine

    Je vous suggère de lire quelques-uns de mes billets qui abordent les différentes notions sur le sujet. Consultez la catégorie http://nicolefodale.ca/category/mes-interets/scenario/

    Pour le reste je vous souhaite bon succès dans votre projet d'écriture!

  3. Bravo Nicole! Mon pere qui répond au nom de BoomMichael, et qui est tres gené, apprécit beaucoup votre initiative sur le sujet .Depuis 1998, mon pere a écrit pres de30 scénarios, dont trois pour le cinéma québécois ,et le reste pour le cinéma américain et canadien . Il a aussi écrit trois épisodes pilotes pour autant qu`il est possible de le  proposer a un célebre producteur de séries américaines (3 SPIN OFF ). Le gros probleme avec mon pere, c`est qu`il hésite de proposer et de vendre ses scénarios ; car il ne fait pas confiance a un agent. Selon vous, que doit-il faire pour remédier a tout cela? Bien a vous  Lapoass !

  4. Bon….quand on tape trop vite, on accroche des boutons…en espérant ne pas poster un doublon…
    Bonjour!  Oui, je suis Maxime Giroux, mais non, je ne suis pas le Maxime Giroux, cinéaste émergeant du Québec.  Du moins, pas encore, disons que je compte le suivre de prêt, voir le détrôner un jour 🙂
    Mon premier film sera tourné possiblement autour de septembre, si tout se passe bien.
    Voici quelques trucs que je pourrais partager avec vous qui m'ont été fort utiles.
    1 – Écoutez des films.  Il n'y a pas meilleure école.  Des films, des films et encore des films.  Vous comprendrez pourquoi.
    2 – Ne pas penser que "fucké" = "plein de sens profond".  "Fucké" = "fucké", point.  De plus, il faut apprendre à maitriser les règles de la scénarisation si on veut se mettre à jouer avec.  Ne devient pas Tarantino qui le désire.
    3 – Retenez cette phrase (et dites mercì à Hubert-Yves Rose, excellent professeur de scénarisation à l'UQAM) : TOUT EST CAUSALE : RIEN N'EST ARBITRAIRE.  Ce qui veut dire, rien n'arrive pour rien.  Faites vos devoirs.  N'écrivez pas n'importe quoi pour que ça fasse couler votre histoire.  Modelez votre histoire autour de faits.  Rien de pire que regarder un film et se demander "Mais pourquoi il fait ça?  Comment il a fait ça?"  Exemple : j'ai une scène avec une jeune femme qui fait un don d'organe, et le don de cet organe peut causer des difficultés si jamais elle veut enfanter dans l'avenir.  Cependant, je ne peux pas juste utiliser une transplantation d'organe si en aucun cas ça ne peut affecter la capabilité d'enfanter d'une femme…je vais donc faire mes recherches, à trouver si dans des circonstances particulières, ça peut être le cas.
    Le cinéma, c'est la réalité, en fiction.  C'est-à-dire, il ne faut pas inventer pour que ça marche.  Inventer un cas médical qui n'existe pas juste pour les besoins du scénario, c'est mauvais.  Cependant, on peut parler d'un cas possible sur un milliard, puisque bien qu'improbable, cette personne, ce cas, existe.  Et c'est franchement plus excitant que de parler de la grippe. 
    4 – Limitez le dialogue.  Une action parle beaucoup plus que les mots.  La chose la plus difficile à faire, c'est l'écriture concise.  Démontrer le plus que possible, avec le moins de mots possibles.  Un exercice que l'on faisait en cours et qui est formateur : tenter de décrire les films que vous voyez en 5 lignes.  Ces cinq lignes doivent tout inclure.  Le début, le milieu, le punch final.  Vous verrez, c'est moins facile qu'on le pense.  Ensuite, pour corser le tout, décrivez TOUT le film en une seule phrase.  Ceci, c'est ce que vous devrez faire dans l'avenir si vous voulez vendre un scénario.  Si vous êtes incapable de résumer votre film dans une seule phrase vendeuse et accrocheuse, vous ne vendrez jamais un scénario. 
    Lorsque je parle d'écriture concise, sachez une chose : le meilleur des scénario fait en sorte que le réalisateur et la production n'ont plus besoin du scénariste une fois le scénario écrit.  Si le réalisateur ne comprend pas les intentions des personnages, ou leur comportement, c'est donc un échec. 
    5 – Les trucs techniques maintenant…attention à l'orthographe.  Si comme moi vous tapez trop vite et faites des fautes de frappe, trouvez vous une amie callé en français qui aime lire ce que vous faites, et qui vous pousse quasiment dans le derrière à allez plus vite… C'est très pratique et apprécié.  Par le fait même…faite lire vos trucs.  Faites les lires, et apprenez a faire avec la critique.  Accepter la critique est difficile, et si vous en êtes incapable, vous ne vendrez jamais un scénario.
    6 – Les conventions, bien entendue, sont des balises pour aider, et non pas des mesures fixes, mais voici une échelle qui peut aider à batir un canevas. 
    +/- 10 premières minutes : présenter le protagoniste sous ses 3 aspects, soit personnel, professionnel et interpersonnel.  Comment est-il, qui est-il, que fait-il, a-t-il une femme, des enfants, des amis?
    Pour le reste, voyez cela comme un W.  Partez du haut à gauche, cela représente "0 minutes".  Le premier point du bas quand ça remonte, c'est 30 minutes.  De retour en haut, 60 minutes, et de retour en bas, 90 minutes.  La fin, 120 minutes.  Au milieu de chaque ligne, 15, 45, 75 et 105 minutes.  Ce sont tous les points où il doit se passer quelque chose.  Votre histoire doit être un W.  Au bout de 30 minutes, on change l'histoire de sens, on amène le spectateur là où il ne s'attend pas aller.  On recommence à 60 minutes, et à 90 minutes.  Vous voyez ou je veux en venir. 
    Prochain film que vous écouter, munissez vous d'un chronomètre.  Je vous garanti qu'il se passe quelque chose dans le film d'important à ces moment +/- exacts.  En fait, il se passe quelque chose aux 10 minutes.  Pourquoi direz vous?  Pour garder le spectateur en haleine?  En effet.  Mais ça va plus loin.  Faits divers intéressant, à l'invention du cinéma sur grand écran, les bobines de film ne durait que 10 minutes.  Changer les bobines afin de poursuivre le film pouvait prendre du temps, alors il fallait donner le goût aux spectateurs de rester pour ls suite…la tradition s'est poursuivie dans les méthodes d'écriture…chronométrez un film américain, vous verrez!
     
    Bien entendue, ce n'est pas une constante.  Mais c'est la recette du cinéma américain.  95% des flms sont bâtis sur ce modèle. 
    Bonne écriture!

  5. Oops…deux ptits trucs primordiaux que j'ai oublié de vous parlé…des erreurs que plusieurs de mes collègues font…
    D'un, on ne voit jamais votre personnage faire quelque chose.  Il fait quelque chose, point. 
    Exemple : On voit Jean manger du pain.  = ERREUR
    Jean mange du pain. = OK
    Deuxième truc…soyez concis, mais précis. 
    Exemple : Jean est nerveux = ERREUR
    Comment le spectateur s'en rend-t-il compte?  Saute-t-il sur une patte?  Danse-t-il comme un singe? 
    Jean se ronge les ongles nerveusement. = OK
    Il en va de même pour toute la gamme des émotions.  Comment sait-on que votre personnage est triste, en colère, a faim?  Il agit.  Une émotion est invisible.  Une action exprime une émotion.
    Lâchez pas!

  6. Maxime, merci beaucoup pour votre générosité, c'est gentil. Les diverses notions que vous expliquez sont fort intéressantes. Quelques-unes m'étaient déjà connues alors que d'autres non.

    Dans mon cas ce qui m'est difficile c'est que mon histoire est sur deux niveaux et c'est ce qui rend mon écriture difficile. La base de l'histoire se raconte plutôt bien avec les hauts et les bas, habituels d'un scénario. Mais mon deuxième niveau j'ai dû mal à l'insérer de manière compréhensive dans mon scénario, sans pour autant tout révéler. Disons que je sais comment le film devrait être réalisé et c'est ce qui fait que j'ai dû mal à écrire.

    Bref, peut-être est-ce trop compliquée comme idée pour une novice comme moi en terme d'Écriture. Je devrais partager l'idée à quelqu'un qui s'y connait… mais je n'ose encore le faire, je suis tête de cochon et j'ai le goût d'y parvenir seule. Mais peut-être vais-je me résigner et faire confiance à quelqu'un, un jour…

  7. Bonjour, je m’appelle Thomas, je viens découvrir récemment ce blog et je dois dire que j’en ai appris beaucoup.
    A l’avenir je le recommanderai à d’autres personnes.

    Mais, aussi pour dire à Maxime que tes commentaire sont impressionnants=erreur.
    Je n’ai pas trouvé meilleur commentaire=OK.

    Et ils reflètent bien les erreur qu’on peut faire.
    Désolé je n’ai pas tout lu ton 1er commentaire ^^.
    Mais, j’ai trouvé particulièrement intéressant le quatrièmement. Là on doit résumé tout le scénario…

  8. bonjour Maxime, j’ai une amie qui a écrit 3 scénarios qui pourraint être très intéressant au U »S »A . Comment faire pour trouver un agent fiable afin de les atteindre?

    Merci de ton aide

  9. Merci d’avoir pris le temps d’écrire ces quelques conseils sur l’écriture de scénario. Je suis moi-même un fou d’écriture, et j’ai envoyé mes scénarios à diverses sociétés de production pour les réaliser. Je me permets de poster mon blog ici, au cas où vous voudriez le consulter: http://www.reussiraucinema.com/

    Il aborde le même sujet que vous. Vive le 7e art!

  10. Alexc,
    merci de votre commentaire, j’apprécie. Je suis allée voir votre blogue, je vais le mettre dans mes favoris ici.

    Je vous souhaite la meilleure des chances pour parvenir à voir un de vos scénario se faire produire.

    Je vais très certainement lire prochainement avec intérêt vos divers billets.

  11. Très intéressant tout ça ! Merci Nicole (et Maxime !).
    Pour ma part, j’ai suivi une petite formation d’une fin de semaine à l’UdeM sur la scénarisation. Ça peut permettre d’y voir plus clair sur les rouages et les prémices de l’écriture d’un scénario jusqu’à la demande de production http://www.sac.umontreal.ca/pub/communication/communication.htm

  12. Bonjour Nicole et merci pour toutes ces informations sur le scénario.
    Je voulais savoir où tu avais trouvé des scénarios. Peux-tu m’indiquer le site où tu les as trouvés ?
    Merci beaucoup.
    Cordialement.
    Theze

    • Terez,
      merci d’Abord pour votre commentaire.
      Si vous cherchez des scénarios québécois, le mieux est d’aller faire un tour dans une bibliothèque puisqu’il n’y a aucun système en ligne qui partage des scénarios. J’ai trouvé par exemple le scénario de C.R.A.Z.Y. à la bibliothèque de mon quartier.

      Sinon, il y a quelques sites qui offrent la possibilité de lire des scénarios en anglais.
      Simplyscripts – http://www.simplyscripts.com/movie.html
      Daily Script – http://www.dailyscript.com/movie.html

      Ça donne une idée de comment rédiger un scénario puisque la technique est sensiblement la même.

      Sur ce, j’espère avoir pu vous aider. Navrée pour les délais.

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