Aujourd’hui, plus que jamais, j’ai l’impression que nous vivons à l’ère de l’infobésité morbide. Oui, oui, vous avez bien lu morbide! Cette surinformation se trouve principalement sur tous les écrans de nos vies dites connectées. La surcharge informationnelle ne se limite pas qu’à l’actualité mais elle se trouve aussi dans tout ce qui nous est offert et que nous allons consulter par nous-même pour nous renseigner (livres, documentaires, études, avis d’un spécialiste, conseils d’un ami, etc.)
Cette marée d’information dans laquelle nous baignons est devenue un véritable anxiogène pour plusieurs d’entre nous. Il s’agit d’un facteur de stress qui se répercute dans plusieurs sphères de nos vies. Que ce soit notre alimentation, notre santé physique, nos biens de consommation et nos loisirs, nous retrouvons de l’information surtout et pour tout.
Être informé c’est bien. Être surinformé c’est angoissant!
C’est en regardant le documentaire de Sophie Lambert, Pas facile d’être mère [vidéo], que j’ai réalisé une fois de plus combien le fait d’avoir accès à une grande diversité d’information peut créer des angoisses et des attentes qui n’auraient pas lieu d’être.
Entre l’information poubelle, la vue d’une représentation parfaite, l’étude qui se dit la plus véridique et le bouquin qui résoudra tous nos problèmes, nous pataugeons tant bien que mal au beau milieu de ces avis, ces faussetés et ces solutions miracles en tentant d’analyser au mieux ce qui pourrait nous convenir.
Dans ce documentaire, il y a deux passages qui m’ont interpellé tout particulièrement. D’abord, lorsque la comédienne Bianca Gervais partage son inquiétude sur l’éducation de sa fille. «Pourquoi on n’a pas un espèce d’immense guide qui nous dit ok telle phrase est appropriée, pis à tel âge apprend à ton enfant, à trois ans, les notions d’intimité […] parce que si moi, je passe à côté d’un chapitre ça vas-tu la fucker plus tard ça?»
Puis, le commentaire de Marianne Prairie, auteure, chroniqueuse et blogueuse, qui mentionne que les parents ne sont pas démunis puisqu’ils ont accès à une panoplie de livres et de conseils qui parviennent à eux de toute part. Toutefois, elle souligne que les parents semblent ne pas avoir confiance en eux et ne réussissent pas à savoir ce qui leur convient réellement.
Voilà, le doigt a été mis sur le bobo!
Nous n’avons pas besoin d’un ième livre pour nous expliquer ce que nos enfants doivent connaître et apprendre selon les observations des experts. C’est tout le contraire, le fait d’être exposé à toutes ces informations souvent diamétralement opposées cela crée une confusion et affecte considérablement notre prise de décision. Nous ne manquons pas de confiance en nous, nous faisons face à trop de notions et d’idées qui rendent plus complexe nos réflexions sur un sujet donné et, par conséquent, cela engendre une incertitude.
Je vous invite à lire Croyez-vous vraiment avoir le choix? où j’explique plus en détail le paradoxe du choix de Barry Schwartz. Sommairement, on peut dire que plus nous avons de choix ou d’information, plus la crainte de ne pas faire le bon choix augmente. Aussi, il est important de faire le meilleur choix pour nous car si celui-ci devait nous décevoir même juste un peu, nous risquerions de culpabiliser d’avoir fait le mauvais choix.
Enfin, à la base, nous ne sommes pas si différentes des mères d’autrefois, puisqu’elles n’étaient pas dépourvues d’inquiétudes face à la maternité. Toutefois, elles n’avaient pas cette image de la mère idéale constamment sous leurs yeux. Elles n’avaient pas accès à toutes ces représentations morcelées, construites et déconstruites de la maternité, du rôle d’une mère et du développement irréprochable de son enfant.
Elles n’avaient pas à choisir entre dix sortes de shampooing pour bébé. Elle n’avait pas à choisir parmi 20 types de siège d’auto le meilleur qui soit pour la sécurité de leur enfant. Elle n’avait pas accès à Dr Google qui pouvait leur insuffler l’idée que leur enfant souffrait d’un trouble mental quelconque, qu’il était peut-être atteint d’une grave maladie ou qu’il ne répondait pas aux normes établies concernant son bon développement.
Elles n’avaient pas ces inquiétudes que nous procurent aujourd’hui nos innombrables sources d’information et nos connaissances plus variées pouvant bien les comprendre. Elles ne remettaient probablement pas autant en question la bonne éducation de leur enfant puisqu’elles n’avaient pas lu, vu et entendu toutes les études psychologiques qui se font depuis des années. Bon, moins bon, mauvais, désastreux, l’interprétations des faits scientifiques de part et d’autres, nous donne toutes les raisons du monde d’être perdu et confus, d’être inquiet et désamparé.
Alors en tant que mère, personnellement, je commence à être sérieusement sélective. Et puisque le flux ne semble pas se modérer, la surcharge informationnelle doit être volontairement réduite par nul autre que nous-même. Il faut d’abord discener ce qui nous est utile à savoir et à quel moment aussi il est important de le savoir. Et finalement, je me dis que chaque jour je fais de mon mieux et que mes enfants devront vivre leur vie avec le mieux que je leur aurai offert!