Rendez-vous avec Mentor:
une justice scientifique
CHARLOTTE
Ces jours-ci il est beaucoup question de justice dans nos médias. On nous communique des informations concernant des procès qui ne semblent pas plaire à la plupart des citoyens. Parlons justice, voulez-vous?
MENTOR
Tout un concept bien humain.
CHARLOTTE
Je crois de plus en plus que sans vraiment trop le reconnaître l’Homme a vraiment pour nouvelle religion la «Science». Nos systèmes de justice se basent sur les preuves et les faits ainsi que sur des résultats scientifiques du type médical par exemple. Les maîtres dans l’art d’analyser les gens croient pourvoir se prononcer sur l’état d’un client et de savoir ce qu’il sera disposé ou pas à faire dans l’avenir. N’est-ce pas absurde cette scientifisation de la justice?
MENTOR
La justice est un principe de vie à la base d’ordre moral, considérant ce qui est bien ou mal et identifiant donc ce qui est juste de ce qui ne l’est pas.
(silence)
Le problème c’est la complexité qui a fait en sorte que l’Homme ne pouvait plus justifier ses gestes par un simple sens lié à une éthique morale, il a fallu donc trouver une manière d’évaluer, de peser pour mieux juger. Ainsi la méthode scientifique est la manière la plus disons réaliste de savoir si un acte a été posé en ne respectant pas les critères de base établit au nom de la justice.
CHARLOTTE
Et d’après-vous sommes-nous toujours responsables de nos faits et gestes?
MENTOR
L’humain est un grand irresponsable, c’est sa nature! En fait, le fait de prendre des responsabilités est une chose qui lui permet d’évaluer ses capacités intellectuelles. Pensez aux enfants ou aux personnes atteintes de certaines maladies comme vous aimez le dire et qui sont incapables d’être responsables dans le sens établit par tous les autres humains qui disent avoir cette aptitudes. Ces personnes ne sont pas moins bonnes pour autant même si elles sont qualifiées d’irresponsables.
Être ou ne pas être responsable ne change en rien à la nature du geste posé. Être conscient du bien ou du mal ne change en rien à la conséquence d’un geste posé. On peut vouloir excuser certains gestes posés par ignorance, parce qu’il faut que l’Homme apprenne dans la vie…
CHARLOTTE
Vous savez à quoi je songe, à ce cas particulier où un homme a tué ses enfants et qu’il a été reconnu par le système comme étant criminellement non-responsable. Peut-on tuer ou permettre de tuer en excusant une personne de ne pas avoir toutes ses facultés intellectuelles… au moment où le geste est commis?
MENTOR
(hoche légèrement la tête)
Tuer n’est pas un droit, ni un privilège que l’on attribue à quelqu’un. Le faire avec toute sa conscience ou le faire par égarement ou instant de folie comme vous dites, l’un comme l’autre n’est pas plus admissible.
Et puis il n’y a rien qui puisse permettre d’évaluer et prédire le comportement d’un humain. Comment être sûr qu’il ne recommencera pas? Par hypothèse? Ou peut-être que les médecins pensent avoir des capacités de clairvoyance?
(petit rire)
Pourquoi la science d’autorise d’émettre des suppositions sur le comportement à venir d’une personne?
La où l’Homme se trompe peut-être c’est lorsqu’il croit avoir la possibilité de scientifiquement pouvoir évaluer ses pairs et ne pas se tromper sur son analyse sous prétexte qu’elle est régie par des règles scientifiques.
CHARLOTTE
J’ai du mal à avoir confiance en ce système de justice qui nous puni parfois pour des actes anodins et nous excuse pour des gestes véritablement monstrueux. Il ne s’agit plus de justice mais de discrimination et de favoritisme… l’argent, la ruse, les contacts, la notoriété, il n’est plus question de bien ou de mal mais plutôt de QUI a commis un geste déplorable qui sera considéré en conséquence de bien ou mal.
MENTOR
En effet, la justice actuelle a d’innombrable failles ce qui la rend moins juste voire moins impartiale dans ses décisions. Elle n’est qu’un système permettant à plusieurs personnes de se faire de l’argent grâce aux malheurs des autres.
CHARLOTTE
Comment conclure?
MENTOR
Simplement en espérant que l’humain parviendra à réaliser en collectivité que la justice s’égare à trop vouloir être scientifique dans ses décisions. Parfois le meilleur moyen d’évaluer les événements de la vie demeure le regard intérieur. Mais l’Homme s’éloigne de sa nature, il s’éloigne de lui-même et devient l’observateur au lieu d’être celui qui observe. Si vous comprenez ce que je veux dire. Il adopte un regard, il enfile des lunettes plutôt que de simplement regarder de ses propres yeux. Au bout du compte c’est la complexité qui le rend aveugle.