Je lisais à l’instant un article qui s’intitule L’intimidation à l’école pousse une adolescente au suicide. Ce sujet m’interpelle beaucoup, le suicide. Raisons pour lesquelles je n’ai pu m’empêcher de partager brièvement ma pensée concernant les raisons qui poussent les gens au suicide.
Tout d’abord, je trouve que l’on exagère beaucoup, en attribuant une sorte de responsabilité qui ne devrait pas en être une à toutes les personnes entourant une personne suicidaire. Comme si toutes ces personnes devaient inévitablement porter secours voire protéger la personne de ses propres intentions.
Peut-on vraiment être tenu responsable d’une décision prise par un tiers? Peut-on être tenu pour responsable du choix que font les personnes qui s’enlèvent la vie? À mon avis, pas du tout!
Donnez-moi une raison…
Il y a plein de raisons pour lesquelles les gens s’enlèvent la vie, mais la raison fondamentale de leur geste va bien au-delà de ce que ces personnes elles-mêmes croient être le problème. Pour une personne perturbée, toutes les obstacles sont une bonne raison pour poser ce geste.
L’argent, l’infidélité, le racisme, l’homophobie, l’intimidation… une mauvaise note, un commentaire négatif au travail, une peur quelconque. Bref, les raisons sont toutes aussi nombreuses qu’il peut y en avoir! Tout est une question de moment, d’attitude et de communication.
C’est évident que les personnes qui passent à l’acte ont un problème sous-jacent. Puisque nous savons que ce qui peut perturber certains humains, peut donner de la force et de la persévérance à d’autres. Le fait de vivre des situations particulièrement difficiles peut en traumatiser certains alors que d’autres se verront renaître. Tout est une question d’interprétation autant chez la personne qui souffre de pensées suicidaires que chez ceux qui la côtoient. Combien se sentent coupables de ne pas avoir su détecter, comprendre, voir que quelque chose n’allait pas bien chez un parent ou un amis? Mais qui sommes-nous pour pouvoir poser des diagnostiques? Qui sommes-nous pour savoir qu’un tel chagrin peut mener telle personne au suicide? Doit-on être responsable, doit-on porter le fardeau de cette volonté prémédité et réfléchie ou imprévue et désespérée qui n’est pas la nôtre?
Je vous laisse un message…
Dans le cas présent, visiblement dans la lettre la jeune fille s’est suicidé en mentionnant que c’était l’intimidation à l’école qui lui a fait prendre cette décision. Cette adolescente a laissé un mot, plusieurs suicidés le font. L’écriture est un moyen de communication qui parvient dans ce cas-ci souvent trop tard aux proches. C’est une forme de résolution, une forme de confirmation que les raisons que l’on juge sont les bonnes. C’est, selon moi, une manière de se convaincre soi-même que le geste qui suivra est posé pour des raisons justes et sans autres alternatives.
Parenthèse – Fait vécu
J’ai souffert moi-même d’intimidation et je peux vous assurer qu’elle n’était pas légère… c’était au primaire. J’ai même comme on dit en bon québécois fini par «mangé de méchantes volées». Je suis toujours là!
J’ajouterais que ceux qui me connaissent savent que mes pensées n’ont pas toujours été des plus jojo! J’ai longtemps été taquiné, un peu, beaucoup, énormément durant le primaire et le secondaire. Parfois j’en riais jaune, vert malade et d’autre fois j’en pleurais. Au CÉGEP pour une raison que j’ignore, personne ne me taquinait, mais disons que je n’avais pas non plus grand monde qui me côtoyait. Deux amis tout au plus. Université, idem… une amie.
Je n’ai pas trouvé ma vie adolescente bien facile. J’ai tellement pleuré que ça m’étonne encore que mes parents n’aient pas songé à recueillir mes larmes pour en faire une piscine à vagues, plutôt que de les laisser mouiller mes chandails et mes draps. Bref, j’avais l’impression que mon existence était inutile et que tout allait de travers. Je n’ose pas tenter de me souvenir précisément ce à quoi j’ai pu penser jadis… de peur que ça ne refasse surgir certaines idées noires et émotions.
Mais je l’écris à nouveau, je suis toujours là!
Quand il arrive de triste événement comme un suicide chez un jeune, on tente de comprendre le pourquoi de ce geste. Si par tout hasard la personne qui part brutalement nous laisse un message, on le prend sans se poser d’autres questions.
Voyez ce que vous ne pouvez voir…
Moi, je me demande plutôt, et la communication dans tout ça? La jeune fille ne parlait à personne de ce qu’elle vivait? Sa mère au courant impuissante? Personne ne leur a donné des conseils? Personne ne lui ou leur a offert son aide pour remédier à ce petit problème qu’est l’intimidation? L’adolescente n’avait-elle pas les moyens de partager sa peine, ses craintes, son malaise dans ce genre de situation? L’unique solution était vraiment le suicide? Comment oser penser que la mort est une alternative? Une solution? À quel point peut-on être impuissant?
Peut-on blâmer quelqu’un pour ne pas avoir vu son immense malaise? On peut blâmer les gens de ne pas avoir agit s’ils ont observé de mauvais comportements chez les étudiants. Mais ça s’arrête là! Peut-être que cela aurait suffit à la jeune fille pour ne plus être ébranlée par ces intimidations, et remettre en cause ses pensées suicidaires. Cependant, et c’est bien personnelle, je doute fort que le fait d’affronter d’autres obstacles dans la vie n’aurait pas été une autre bonne raison pour agir de la sorte. Parfois, le suicide peut être qu’une intention passagère, certes, mais bien souvent ce genre de pensées persistent et émergent à nouveau dans les moments où une personne est plus vulnérable.
Quoiqu’il en soit, je suis contre le racisme, les gangs, le taxage, l’intimidation, la violence verbale et physique, ça va de soi… mais tout cela fait malheureusement partie de la vie, même adulte tous ces comportements existent toujours. Tous d’une manière ou d’une autre auront à faire face à des situations qui pourront créer un immense malaise intérieur. Tous ne réagiront pas de la même manière, certains abandonneront, certains lutteront, certains changeront et certains auront un regard sur la vie différent.
Une chose est sûre, à mes yeux, nous ne pouvons pas rendre responsable de nos faits et gestes les personnes qui nous entourent. Nous ne pouvons les culpabiliser de ne pas avoir su voir notre malaise, notre peine ou notre envie de ne plus exister, surtout si on ne fait aucun effort pour partager notre souffrance. On ne peut pas en vouloir aux autres si la force d’aller de l’avant et d’affronter les péripéties de la vie n’est pas en nous.
Cessons de trouver des boucs émissaires pour le suicide d’un pair. Sinon dois-je croire que nous devrions aller jusqu’à accuser les agresseurs en tout genre d’homicide involontaire si l’une de leur victime se suicide? Impossible, comment pourrions-nous juger et trouver le vrai coupable? C’est déjà difficile parfois de faire condamner des criminels pour leurs atrocités même lorsque nous savons comme deux et deux font quatre qu’ils sont coupables. Imaginez dans le cas d’un suicide!
Enfin… mes réflexions intérieures sur le sujet se poursuivent.
MAJ – 10 décembre 2011
Afin de prendre connaissance de mon expérience en ce qui a trait à l’intimidation, je vous invite à lire mon billet sur L’intimidation qu’est-ce que c’est?