À partir du moment où nous venons au monde, notre vie débute sans même que nous ayons pris encore une seule décision. La vie commence sans aucun choix.
Historiquement, l’Homme agissait principalement afin de répondre à ses besoins. S’il était confronté à prendre une décision, très souvent celle-ci ne se limitait qu’à deux alternatives. Et souvent ces options avaient pour conséquence deux résultats complètement différents. Ainsi, il était rare d’avoir à vivre un dilemme, les choix étaient plus souvent simples et logiques.
Aujourd’hui, la situation a bien changé. À cause entre autres des sciences qui ont fait évoluer l’humanité à un stade où vivre est devenu plutôt complexe, et aussi de l’industrialisation qui a offert à nos sociétés modernes d’innombrable choix en tout genre.
L’Homme a cru se sentir plus libre lorsqu’il a vu que le fait de choisir lui donnait une forme de pouvoir sur sa vie. Un contrôle. Il était heureux d’avoir ce sentiment de liberté de choix. Mais de nos jours, sommes-nous vraiment heureux? Et surtout, croyez-vous que nous avons toujours le choix?
Qu’est-ce que choisir?
Le mot choix se définit tout simplement comme étant la faculté et/ou la liberté de choisir parmi plusieurs options.
Je disais souvent en discutant avec des amis, des collègues ou des parents que nous n’avions pas le choix de faire et de vivre ce que nous vivions. Plusieurs me disaient : «Mais non, tu peux décider de ne pas travailler et de faire autre chose.» Ah oui? Vraiment? Je crois qu’il y a des choix que nous faisons et qui font maintenant parti de la catégorie des quasi nécessités. Un enchaînement de principes et de mécanismes de vie qui font que si l’on désire vivre dans un contexte donné, soit par exemple dans une société, il est rendu nécessaire d’agir d’une certaine manière en respectant des conditions établies, si on veut survivre.
Je n’appelle plus ça choisir. Bref, cette vision tend peut-être davantage vers la philosophie et je ne vais pas m’embarqué dans ce sujet. Je veux que nous parlions plutôt uniquement des choix concrets que nous croyons faire au nom de la liberté mais qui finalement finissent par davantage nous emprisonner dans un tourbillon de préoccupations.
Le paradoxe du choix
J’ai beaucoup apprécié écouter Barry Schwartz, psychologue et auteur du livre Le paradoxe du choix : Pourquoi plus c’est moins, qui nous explique en gros que le choix dans nos sociétés modernes industrialisées n’est plus véritablement un libre choix.
En effet, le choix donne cette impression d’avoir une forme de liberté et puisque ce concept est perçu comme étant quelque chose de bien, on a cru bon d’accroître nos possibilités. Les entreprises ont compris l’idée de bien-être relié à la liberté et ont ainsi appliqué ce concept auprès des consommateurs. Barry Schwartz explique qu’afin de maximiser le sentiment de liberté chez les individus, il faut donc de maximiser les choix. Finalement, la croyance qui nous dit que si on a plus de choix, on a plus de liberté, est fausse!
La croissance importante du nombre d’options possibles devient pour l’être humain un handicap. Nous décidons certes, mais vu les innombrables alternatives, même après avoir choisi, le doute persiste dans notre esprit que l’on a peut-être fait le mauvais choix.
Deux effets négatifs à la liberté de choisir
Le psychologue nous dit que cette autonomie de choisir crée deux principaux effets négatifs. Un premier lieu, cette soi-disant liberté ne nous rend pas plus libre, mais au contraire elle nous paralyse. Face à un trop grand nombre de possibilités, il est trop complexe de tout analyser, de tout comprendre et de tout comparer. Ce qui très souvent retarde notre prise de décision. En deuxième lieu, si nous parvenons à faire finalement un choix, nous risquons d’être plus insatisfaits que si nous avions moins de choix. Conséquence, nous ne sommes pas plus heureux d’avoir ce sentiment de liberté, même qu’au contraire on se sent très souvent plus insatisfait.
Donner le choix c’est aussi ne pas avoir à le faire soi-même!
Il donne également un autre exemple intéressant sur la déresponsabilisation de certaines personnes qui ont la capacité, de par leurs connaissances, de faire un choix plutôt éclairé. Je vous résume l’exemple en question.
Un patient va voir son médecin et ce dernier lui explique que pour la maladie qu’il a, il peut faire soit A avec telles conséquences ou B avec telles autres conséquences. Le patient lui demande que devrais-je faire? Et le médecin lui répète les deux options, soit A avec telles conséquences ou B avec telles autres conséquences. Exaspéré le patient demande alors : «Si vous étiez moi, que feriez-vous?» Et celui-ci lui répond : «Mais je ne suis pas vous.»
Alors que l’on croit créer l’autonomie du patient puisque celui-ci aura le sentiment de liberté, en réalité on ne change que le mal de place étant donnée que la personne ayant la connaissance se déresponsabilise. Pendant que l’un à les connaissances pour faire un choix, l’autre ne les a pas, en plus de ne pas être forcément en état physique et mental de faire un bon choix.
Trop de choix, trop de réflexion
Les innombrables opportunités qui se présentent à nous font en sorte que nous nous devons de faire le meilleur choix. Nous avons même des attentes afin que notre choix réponde à notre besoin. Et s’il ne répond pas de manière satisfaisante, nous nous sentons coupable d’avoir fait le mauvais choix. Nous sommes donc en réflexion constante, même pour des choses qui devraient et qui sont anodines.
Les choix au quotidien
Précédemment, je relatais les propos Barry Schwartz que je trouve très justes et pertinents pour comprendre ce phénomène du choix qui n’en devient pratiquement plus un. Maintenant, je vous partage mon point de vue en lien avec cette liberté de choix que nous croyons avoir.
Un choix limité par ce qu’on nous propose
D’abord, il ne faut pas oublier que nous avons le choix qu’entre des choses que l’on nous propose. Si l’option n’existe pas, nos choix sont donc réorientés vers ce qui est disponible. D’où l’une des raisons qui me fait dire que nous n’avons pas vraiment le choix.
Exemple. Les forfaits que nous proposent les compagnies de téléphone cellulaire. On nous impose carrément des choix et très souvent ceux-ci ne correspondent pas complètement à nos besoins. Souvent dans un forfait, il nous manque une option qui nous intéresse, ou on a plein d’autres gadgets dont on n’a pas besoins du tout.
Vous croyez avoir le choix, mais on vous donne l’impression de pouvoir choisir! On vous propose des options et vous adhérer à cette idée parce que vous n’avez visiblement pas vraiment le choix.
Un choix influencé par divers éléments qui nous entourent
Ensuite, souvent lorsque nous prenons une décision, elle est basée sur plusieurs éléments. Soit l’opinion de quelqu’un d’autre, les connaissances que l’on peut avoir ou l’influence des divers phénomènes sensoriels qui se passent autour de nous.
Exemple. Lorsque vous êtes sur la route, les panneaux d’affichage sont une forme de message subliminal dans la mesure où très souvent votre œil percevra ce qui se trouve dans votre champs visuel sans pour autant que vous vous en rendiez compte. Le cerveau assimile un paquet d’information à votre insu. Vous vous présentez pour acheter un produit et sans trop savoir pourquoi vous aurez tendance à en choisir un en particulier… probablement parce que votre cerveau lui s’en souvient.
Conclusion, avons-nous le choix?
En somme, il est bien vrai de dire que d’avoir trop de choix c’est comme de ne pas en avoir assez. Que l’augmentation du nombre de possibilités augmente aussi notre stress, notre temps de réflexion, nos doutes, nos insatisfactions et surtout notre sentiment de culpabilité suite à un choix que l’on juge mauvais.
Je suis toujours d’avis que nous avons cette impression d’être en contrôle, ce sentiment d’avoir la liberté. Néanmoins, je crois que c’est une illusion, que cette perpétuelle nécessité de choisir réduit considérable le véritable plaisir de faire un choix. C’est devenu très épuisant mentalement de faire plusieurs activités, tel que l’épicerie ou l’achat d’une simple paire de Jeans!
Finalement, tel que le mentionne le Barry Schwartz, aujourd’hui dans nos sociétés industrialisées, il serait pertinent de partager nos biens là où dans d’autres pays du monde, la question de choix est vraiment réduite au stricte minimum. Partager nos richesses ferait en sorte que nous nous sentirions mieux grâce à la diminution de choix et, aussi, rendrait plus heureux ceux qui verraient leurs options augmenter un petit peu!
Très bel article, Nicole !
Cela pourrait aussi s’appliquer dans l’écriture, lors du premier jet. Les choix sont énormes, et les directions à prendre, quant à la suite de notre histoire, aussi. Comment alors choisir la bonne route, le bon dialogue, les bons détails dans la description, etc ?
Je dirais qu’à la base d’un bon choix, il ne faut pas se fier à notre mental, mais à notre intuition. L’intuition est le langage utiliser par l’âme (ce que nous sommes d’abord) pour communiquer avec notre mental. Il faut aussi écouter son coeur. Si ce que nous choisissons de faire nous rend heureux, alors nous avons fait le bon choix. Il faut, je crois, apprendre à s’écouter, à écouter cette partie de nous qui nous parle par le coeur et par intuition.
En tout cas, c’est comme ça que je fonctionne de plus en plus pour faire mes choix. Et si je me trompe, eh bien, je me serai trompée, c’est tout. Je n’en ferai pas tout un plat, et je vais m’accepter: je ne suis pas parfaite et j’ai droit à l’erreur, non ?
On est sur Terre pour expérimenter, pour apprendre et évoluer. On est là pour apprendre à faire des choix conscients, et s’amuser !!!
Merci pour ton billet !! 🙂
@Annie, merci d’avoir partagé ta vision. Je tends également à croire que nous sommes ici pour apprendre et qu’il faut savoir aussi s’amuser.
L’expérience de faire des choix est propre à chacun et selon le type de choix correspond une émotion. Ce qui est disons un peu fou c’est de voir à quel point de nos jours nous devons prendre des décisions à plusieurs niveaux de notre vie. Tellement que parfois on ne se rend même plus compte qu’on est en train de faire l’effort de choisir.
«Personne n’est parfait dans ce monde, il n’y a que des intentions parfaites!» Azeem, Robin de bois (1991) Je trouve que c’est une des plus belles citations que je connaisse… étrangement venant d’un scénario de film! On commet tous des erreurs, mais une erreur n’est qu’un parcours parmi tant d’autres, si un sentier ne mène nul part il est toujours possible de rebrousser chemin.
Alors continue à faire tes choix de la manière dont tu sens devoir les faire. Ils te mèneront sûrement sur de très beaux sentiers de ta vie!
Merci Nicole !! Et continue de nous écrire de si merveilleux billets, ils font du bien… 🙂