Le coma et moi

Il y a 19 ans aujourd’hui, moi et ma famille ignorions que les moments bouleversants que nous vivions allaient changer littéralement la vie de chacun d’entre-nous. En réalité, je ne peux que parler en mon nom, car les émotions vécues bien que fort semblables lorsqu’on tente de les décrire avec des mots, elles sont bien uniques et propre à chacun.

Je me souviens que lorsque j’étais adolescente, j’étais intriguée voire fascinée par les films ou les livres qui mettaient en scène des personnages se trouvant dans le coma. Jamais je n’aurais pu imaginer, ne serait-ce qu’un instant, vivre cet état d’inconscience et d’insensibilité moi-même ou encore de voir quelqu’un près de moi dans cette situation.

Lorsqu’on s’imagine que les accidents ou les diverses maladies graves ne peuvent qu’arriver aux autres, ce n’est pas forcément parce que l’on se sent plus fort et intouchable, mais davantage parce que les événements nous paraissent tellement intenses, tellement hors du commun, qu’on ne croit pas être fait pour pouvoir vivre de telles expériences. Parfois, je me demande, si ma fascination pour le coma était en fait une forme de préparation. Peut-être qu’au plus profond de moi, je savais que j’allais vivre un jour ce genre de diagnostique étrange et douloureux. D’où mon intérêt légèrement excessif à ce sujet. Mais cette dernière réflexion supposerait que nos vies sont écrites à l’avance, ce qui est un tout autre sujet et une toute autre histoire.

Je connais bien le coma. Pas le coma qui dure quelques jours ou quelques semaines, non, celui qui dure des mois et qui paraît ne jamais finir. Le coma que l’on qualifiait jadis de stade 3, celui qui est à la frontière de l’inertie totale, celui qui est si profond que le corps ne réagit plus à rien. Et pourtant le corps tout entier continue à fonctionner, seul. Il faut évidemment le nourrir faute de quoi il ne pourrait survivre. Néanmoins, à ce stade tous les organes du corps sont intacts et fonctionnent comme il se doit sans aucune aide. Sauf un organe, celui qui visiblement est le plus important… le cerveau.

Je connais bien ce long mutisme et cette lourde immobilité, qui ne parviennent pourtant pas à anéantir l’espérance pleine de naïveté que l’on peut entretenir en croyant que tout redeviendra comme avant… Après ce jour-là, je ne le savais pas encore, j’allais vivre le début d’une série de désillusions.

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