Ces enfants qui imprimeront leurs jouets

Nous avons pour la plupart d’entre nous grandi avec l’idée que nous ne manquerions jamais de rien en terme de biens de consommation. Notre mode de vie s’est donc construit en tenant pour acquis que les ressources étaient abondantes et qu’il y en aurait toujours suffisamment dans le futur pour combler tous nos désirs. D’ailleurs, lorsque nous achetons encore aujourd’hui des produits, plusieurs ne se préoccupent pas du fait que ces biens puissent ne plus fonctionner puisqu’ils ont la certitude de pouvoir s’en procurer un autre identique ou encore un meilleur le moment venu.

Mais voilà que depuis quelques années, nous commençons à prendre conscience que finalement la rareté des ressources se fait sentir. Que toute cette surconsommation cause également des problèmes environnementaux importants de pollution et d’entreposage. Ainsi, nous tentons tant bien que mal de récupérer certains objets et de recycler certains matériaux pour la fabrication de nouveaux produits.

L’imprimante 3D, un frein à l’obsolescence programmée

La démocratisation de l’imprimante 3D nous force à nous poser certaines questions concernant notre façon de créer et de produire les biens de consommation. Même si nous vivons encore dans l’ère des produits jetables, nous acceptons plus difficilement cette façon de faire que nous impose l’industrie qui favorise le remplacement plutôt que la réparation. En effet, les entreprises créent trop souvent des produits qui sont programmés pour cesser de fonctionner après un certain temps d’utilisation ou qui deviennent rapidement psychologiquement obsolètes.

Les imprimantes personnelles sont un bel exemple de produit dont la durée de vie est très limitée. L’ironie c’est que maintenant il existe l’imprimante 3D qui pourrait, selon moi, contrecarrer cette obsolescence programmée.

Cette technologie qui existe depuis environ 25 ans, est devenue plus accessible au grand public via entre autres les Fab lab (laboratoire de fabrication numérique) qui sont des lieux ouverts au public, où toutes sortes d’outils sont mis à la disposition des citoyens pour la conception et la création d’objets. De plus, les couts liés à l’achat d’une telle imprimante ont considérablement baissé, ce qui la rend plus accessible auprès des acheteurs particuliers.

Cette imprimante permet de matérialiser des objets tridimensionnels créés à l’aide de logiciels, avec l’utilisation de divers matériaux (plastique, cire, métal, cellules vivantes, chocolat, etc.) pour la plupart recyclables. Aussi, cette technologie est utilisée également dans divers secteurs d’activités générant des petites révolutions dans chacun de ces domaines (médecine, aérospatial, alimentation, loisir).

Selon moi, l’imprimante 3D permettra aux générations contemporaines de contrer cette désuétude planifiée et remettra en question sans aucun doute les paradigmes actuels sur la production et la consommation de produit. Néanmoins, ceux qui risqueront de vivre significativement ce contexte de rareté des ressources ce sont nos enfants, qui n’auront évidemment pas le même regard que nous et nos prédécesseurs concernant la manière d’innover et de consommer.

Nos enfants, les artisans de demain

Le 12 novembre dernier, aux États-Unis, la compagnie MakerBot a annoncé qu’elle se donnait pour mission de fournir une imprimante 3D à toutes les écoles du pays. Avec le support du gouvernement fédéral américain ainsi que divers partenaires, MakerBot souhaite offrir l’accès à cette nouvelle technologie qui permettra aux enfants, ces futurs inventeurs, ingénieurs, concepteurs de produit, designeur, artistes, de développer les aptitudes liées à ce nouveau modèle de création.

Dans leur communiqué, MakerBot mentionne qu’ils veulent donner la possibilité aux prochaines générations de ne pas être seulement des consommateurs, mais aussi de devenir des créateurs. Ainsi, on peut dire que les futurs adultes ne seront plus en train d’attendre que quelqu’un puisse créer un produit pour eux, puisqu’ils auront les connaissances et les moyens de le conceptualiser et le fabriquer eux-mêmes. Je crois qu’il est possible de dire que nous reviendrons à une forme d’artisanat, que j’appellerais un artisanat numérique, qui fera en sorte que tout un chacun deviendra potentiellement un créateur d’objets.

Alors que notre génération se  contentera probablement d’imprimer une pièce de remplacement déjà modélisée par un autre utilisateur/concepteur, nos enfants développeront des capacités qui leur permettront de façonner leur monde à leur image.  Un monde où imprimer son propre jouet et le voir prendre forme sous ses yeux sera plus divertissant que de se le procurer en magasin.

L’imprimante 3D est-elle le précurseur de la troisième révolution industrielle?

Cette nouvelle façon d’innover et de créer, nous amènera-t-elle à une ouverture d’esprit permettant de réaliser des biens de consommation évolutifs plutôt que des biens qui ont une durée de vie prédéterminée? Serons-nous ouverts en tant qu’individu, mais également en tant qu’entreprise, pour consommer et créer des biens de consommation modulaires pouvant être réparés facilement et pouvant être modifiés tant au niveau du désign qu’au niveau des procédés technologiques utilisés?

Certains croient, et je pense avec raison, que l’imprimante 3D fait partie des éléments qui mèneront nos sociétés modernes vers la troisième révolution industrielle. Tout cela entre autres à cause de l’étendue des impacts de cette imprimante sur les divers secteurs d’activité ainsi que les questions économiques et environnementales que cette technologie soulève.

Finalement, je ne suis pas d’avis qu’à elle seule, l’imprimante 3D incarne la troisième révolution industrielle, puisque plusieurs points sont à considérer pour atteindre cette nouvelle forme d’industrialisation. Cependant, je crois que les jeunes générations qui utiliseront l’impression tridimensionnelle feront en sorte que l’imprimante 3D pourrait être un des piliers de cette prochaine révolution qui, selon moi, est nécessaire pour la survie de l’humanité.

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Ce billet a été publié également sur Le République

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