Fab City : ville localement productive et globalement connectée

Vous le savez, depuis quelque temps déjà, je m’intéresse à cet univers de la fabrication numérique (fablab) pour diverses raisons. D’abord, mon intérêt initial est né par le simple fait de pouvoir créer des objets avec des machines qui autrefois n’étaient pas accessibles au grand public. Maintenant, c’est bien beau de pouvoir découper du bois en envoyant un fichier numérique à une découpe laser, mais à quoi cela peut bien servir concrètement?

C’est là qu’apparaît mon réel intérêt. Avoir accès à ce genre de machine-outil signifie pouvoir avoir une certaine autonomie dans la création d’objets. Des objets que l’on peut créer de manière personnalisée, assez rapidement, en pouvant choisir les matériaux et les caractéristiques physiques (dimensions, formes, texture) dont on a besoin.

Sur le marché, on retrouve bon nombre de produits à prix variables, de qualité différente et surtout provenant d’ailleurs dans le monde. Des objets qui ont été créés parfois dans des conditions de travail plutôt déplorables. Le fait de pouvoir bricoler soi-même certains objets, nous permet de réaliser d’une part que c’est possible de le faire localement et d’autre part qu’il n’est pas nécessaire de produire en masse lorsqu’on répond à un besoin pour une ou quelques personnes en particulier dans un lieu donné.

Ce qui m’amène au concept de Fab City.

Qu’est-ce qu’une Fab City?

En très peu de mots, une Fab City c’est une ville localement productive et globalement connectée.

De manière plus détaillée, le concept de Fab City a été initié en 2011 par Tomas Diez, un urbaniste vénézuélien spécialisé dans la fabrication numérique. Suite au mouvement des fablabs dont l’instigateur est Neil Gershenfeld, Tomas Diez a cru que des changements plus grands pouvaient être faits au niveau de la production de produits. Il ne voulait pas uniquement que chaque ville ait un fablab, mais il voulait que cela transforme la manière de créer et de produire des objets. La Fab City est donc liée au mouvement des fablabs, puisqu’elle utilise l’esprit de collaboration, de recherche et d’innovation que l’on retrouve chez les usagers des fablabs.

L’idée est de parvenir à transformer nos villes qui sont actuellement des villes qui importent et exportent des produits, par des villes qui importent et exportent des connaissances et des projets via des données numériques, d’où le volet connecté. Cela permettrait donc aux Fab City de partager des façons de faire, de concevoir et de produire de manière locale tout ce dont elles ont besoin pour subvenir aux besoins essentiels d’une population donnée.

On parle beaucoup du principe «from PITO to DIDO». Au lieu de produire partout dans le monde et ensuite de jeter les produits, il faut produire localement et récupérer les déchets. C’est ce qu’on appelle l’économie circulaire. Les déchets sont recyclés par la même industrie ou une autre qui se trouve à proximité. L’idée est de minimiser les pertes et, par conséquent, de moins polluer notre environnement.

© Fab City CC-by-SA 4.0

© Fab City CC-by-SA 4.0

Pour cela, il est nécessaire de changer complètement notre manière de concevoir et de produire les produits afin que les objets soient plus facilement réparables (des objets modulaires), que les matières premières soient récupérables (conception évitant le gaspillage des matières premières) et que la production réponde à la demande sans surproduction inutile.

Si les gens craignent les pertes d’emploi par l’automatisation dans certaines industries, par le fait que les grandes entreprises vont chercher leur main-d’oeuvre dans d’autres pays et bien cette vision de consommation locale obligerait à ce que l’économie se transforme. Si on décide d’adopter ce changement afin de produire et consommer localement, de nouveaux métiers vont émerger, tant dans le domaine de la conception, la production, la récupération des objets.

En réalisant une production locale, l’idée n’est pas de se déconnecter du monde et des connaissances qui se trouvent ailleurs sur la planète. Au contraire, l’idée est de partager nos savoir-faire afin que tous puissent bénéficier d’un milieu de vie qui soit adapté aux besoins de chaque région.

En résumé, une fois de plus brièvement, la Fab City est donc une ville autonome qui est capable de s’autosuffire, mais qui est également connectée à l’échelle mondiale.

Le pacte…

Avec l’arrivée du pacte, plusieurs se sont mobilisés afin de s’engager à poser des gestes pour l’environnement. C’est bien. Toutefois, ce qui me met un peu en rogne, c’est qu’il y a un bon moment que plusieurs personnes tentent de trouver des solutions pour un avenir plus durable. Et je ne parle pas des scientifiques, qui souvent proposent des solutions macro qui ne semblent pas être des actions concrètes.

Les citoyens

Je parle de ces individus venant de tout horizon qui souhaitent innover et améliorer leur quotidien ou celui d’autres personnes dans le besoin. Ces personnes pour lesquelles l’innovation ne faisait pas partie de leur plan, mais qui pourtant par leur volonté de vouloir répondre à un besoin précis, par leurs recherches et leurs réalisations ont fini par trouver des solutions. Vous et moi sommes ces personnes. Peu importe notre formation ou vocation, chacun à notre manière on peut améliorer notre milieu, le nôtre et celui d’autrui également.

Les gouvernements

Les gouvernements quant à eux, malheureusement, semblent complètement déconnectés! Déconnectés des merveilleuses possibilités et solutions qui se trouvent devant leurs yeux. Aveuglés par l’atteinte de leurs nombreux engagements électoraux qu’ils ne réaliseront qu’à moitié (et je suis généreuse) et dont la pertinence est fort discutable. Vraiment. Désespérément déconnectés.

Les médias de masse

Et je termine avec les grands médias, je ne peux faire fi de ces journalistes qui ont un rôle si important et qui parfois semblent le prendre tellement à la légère. L’impact de leurs mots et de leurs réflexions peuvent marqué l’imaginaire de leurs lecteurs, ils ont le pouvoir de donner espoir, de mobiliser, d’encourager, de sensibiliser, de faire connaître ce qui demeure encore peu connu.

De deux choses l’une, soit les médias de masse veulent nous garder dans l’ignorance, soit ils sont ignorants!

Souvent les articles que je lis concernant les fablabs et Fab City sont publiés par des médias ayant un public beaucoup moins large que les médias de masse. Ce sont par exemple les télévisions et radios communautaires qui abordent ce type de sujet. Ce sont eux les vrais recherchistes et journalistes qui diront un jour «j’en parlais il y a 5 ans déjà» quand finalement les grands médias oseront en parler. J’ai toujours l’impression que les grands journaux et réseaux de télévision sont tellement en retard sur ce qui se passe actuellement dans leur ville, leur pays et dans le monde entier.

Je publierai une suite à ce billet très prochainement.

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